Le ministre Gabriel Attal met sur la table un énième projet de réforme de la place du concours en occultant volontairement la question des salaires. Aucun bilan des réformes Blanquer sur la formation initiale et l’entrée dans le métier n’est envisagé alors qu’elles ont considérablement dégradé la situation des étudiant·es et des lauréat·es des concours. Les volumes de formation dans le cadre des Master MEEF y ont en outre été à nouveau réduits d’environ 10% par cette réforme, conduisant à une baisse globale de l’ordre de 20% depuis 2010, et systématiquement au détriment de la maîtrise disciplinaire.

M. Attal propose un concours dans l’année de L3, suivi de deux années de formation rémunérées, la seconde en responsabilité à mi-temps dans les classes. Mais il n’apporte aucune réponse aux questions du SNES-FSU sur la nature des épreuves de concours et la qualification obtenue à la titularisation.

Le SNES-FSU conteste un concours de recrutement l’année de la L3 pour le second degré. Ce serait un recul dans la garantie de la maîtrise disciplinaire que doit conférer un concours qui n’est pas passé que par des étudiant.es. Elle est pourtant essentielle pour l’exercice de nos métiers en collège et lycée car déterminante pour faire entrer les élèves dans les apprentissages et les aider à surmonter leurs difficultés.

De plus, il y a bien un risque de voir se détourner des concours les étudiant·es diplômé·es de Master 2 hors MEEF, soit près d’un·e lauréat·e sur deux à la session 2023 du CAPES. Ce serait en outre un frein à la promotion interne pour accéder à l’agrégation. Le SNES-FSU porte en effet la revendication d’un niveau élevé de formation et de rémunération pour tous et toutes les enseignant·es avec la perspective qu’ils et elles soient à terme recruté·es « toutes et tous agrégé·es ».

Par ailleurs, les deux années de formation après concours que propose M. Attal ne pourraient qu’augmenter la mainmise de l’employeur sur leurs contenus et leur pilotage, le ministère ne cessant de répéter que la formation actuelle ne répond pas aux « attentes de l’institution ». Le SNES-FSU rappelle que les enseignant·es sont concepteurs et conceptrices de leurs métier et non de simples exécutant·es de « bonnes pratiques ».

Le SNES-FSU défend un tout autre autre projet (schématisé ci-dessous), fondé sur un plan pluriannuel de recrutement, avec le principe de pré-recrutements dès la licence, la diversification des voies d’accès, l’entrée progressive dans le métier qui ne passe ni par le contrat ni par l’emploi des étudiant.es comme moyens d’enseignement, avec une formation après le concours à l’issue du M2, professionnalisante et à l’université.

Ce projet ambitieux répond, par la possibilité de pré-recrutements, à la précarisation des étudiant·es et à la nécessaire démocratisation des recrutements compte tenu de l’état des viviers de candidats. Il permet d’entrer plus tôt dans la carrière (élément non négligeable avec la réforme des retraites) et de sécuriser un parcours universitaire jusqu’au bac+5. Il évite le risque d’une formation professionnelle réduite à du mimétisme, du technicisme, des prétendues « bonnes pratiques » et l’écueil d’un parcours de formation qui limiterait la maîtrise disciplinaire au niveau d’une actuelle L3. Il garantit une haute qualification de nos métiers qui renforce l’unité du second degré avec des professeur·es en mesure d’exercer de la Sixième au post-bac du lycée.

Aujourd’hui, les professeur·es exercent dans leur discipline de recrutement avec une autonomie professionnelle inscrite dans leur statut de cadre A de la Fonction publique, avec une grille indiciaire conforme à leur haut niveau de qualification. Le SNES-FSU ne laissera pas le ministre remettre en cause leur professionnalité, leurs qualifications et leurs niveaux de rémunérations avec son projet de réforme de la formation initiale, en tout point cohérent avec un possible éclatement du second degré qui marquerait une rupture historique dans les progrès de la démocratisation scolaire.