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Suppression de poste : témoignage

Mesures de carte scolaire : "victimes de" est bien l’expression juste !

paru le mercredi 19 juillet 2006

Nous avons relaté sur ce site la bataille menée avec le SNES par les collègues de Toucy pour éviter la disparition de la filière technologique tertiaire au Lycée.
Si la section STG est maintenue, elle n’offre plus qu’une seule option (la communication), ce qui augure mal de sa pérennité et a entraîné la suppression d’un poste d’éco-gestion option B (gestion).
Que ce soit à Toucy ou ailleurs, la situation des collègues victimes de « mesure de carte scolaire » (en langage clair : suppression de poste) est particulièrement difficile à vivre.
Le témoignage de Florence, ci-dessous, n’est, malheureusement, qu’une illustration parmi d’autres, des conséquences désastreuses de la politique rectorale et ministérielle.

Retour à la case départ

1ère étape : Maître auxiliaire pendant 5 ans
Après avoir travaillé comme comptable dans une compagnie d’assurance à Nevers pendant six années, j’ai commencé ma carrière dans l’éducation nationale en tant que MA à Nevers (Nièvre) en formation complémentaire assurance.
L’année suivante, mon service a été réparti sur deux lycées de Côte d’Or (Dijon et Chenôve). Suite à une première erreur d’affectation du rectorat, je me suis ensuite retrouvée en Greta sur Dijon pendant trois ans.

2ème étape : Titulaire académique pendant 3 ans
J’ai passé avec succès le CAPET d’économie gestion (option B : gestion) et le PLP2 et j’ai opté pour le premier.
Cap sur un autre lycée dijonnais en tant que stagiaire.
J’ai ensuite été affectée à Joigny (Yonne).
À l’issue de ma deuxième année à Joigny, suite à une deuxième erreur du rectorat m’assurant qu’il était certain que je serai affectée dans un lycée professionnel à Auxerre pendant au moins quatre ans, j’ai déménagé près d’Auxerre. J’ai préparé pendant tout l’été mon affectation relative aux métiers du secrétariat alors en pleine rénovation avec emprunt d’un micro-ordinateur au lycée. La veille de la rentrée, la même personne du rectorat m’annonce que finalement je retourne en comptabilité à Joigny avec pour toute argumentation « Je n’ai pas la genèse de votre affectation » Dur à avaler...

3ème étape : Enfin un poste fixe pendant 8 ans
Suite à un vœu large département, j’ai été affectée à Sens (120 Km aller retour quotidiens) pendant six ans en poste fixe. J’en ai profité pour passer une capacité en droit, préparée sur deux ans sur mon temps et mes finances personnels.
J’ai sauté sur l’occasion lorsqu’un poste a été créé en 2004 sur Toucy (à 18 Kms seulement de mon domicile) en contrepartie d’un investissement phénoménal en droit mais dans mon métier d’origine (BTS assurance).
En 2005, toutes mes matières ont été nouvelles (option SES, rénovation STG et droit en BTS assurance). Ce qui a nécessité une énergie colossale et l’oubli de quelconques vacances.

Je me suis battue avec beaucoup d’énergie pour que la filière STG ne soit pas supprimée à Toucy. J’ai mené des actions de communication tous azimuts.
Un poste éco-gestion devant être supprimé à Toucy, j’ai proposé avec l’accord de toute l’équipe pédagogique une solution qui arrangeait tout le monde : supprimer le poste d’une collègue qui était à 267 Km de chez elle plutôt que le mien. Mais non, le bon sens ne prime pas, la situation familiale des personnels est sans intérêt, ce sont les points et l’étiquetage des disciplines qui l’emportent. Mon poste a donc été supprimé, balayant d’un coup de baguette pas magique du tout, deux ans d’investissement sans répit, y compris pendant des vacances très studieuses.
Conclusion : tu t’investis, « tu t’investis pas », on te supprime ton poste quand même.

4ème étape : titulaire sur zone de remplacement Yonne Auxerre (durée : ?? ... inconnue)
Retour donc à la case précarité après seize ans dans l’éducation nationale.
La mobilité, je pensais avoir donné (affectations dans trois départements, dans plusieurs disciplines). J’espérais enfin me stabiliser dans un lycée à proximité de mon lieu de résidence personnelle et, comble de privilège, retourner à mon métier d’origine avec deux matières passionnantes (l’assurance et le droit).

Que devient la continuité pédagogique de l’équipe enseignante dont j’ai si souvent entendu parler ?
Que l’on m’explique à présent comment être motivée à la prochaine rentrée en tant que TZR, sachant que je peux intervenir dans les départements limitrophes (Nièvre et Côte d’or) ?
J’explique chaque année à mes élèves le fonctionnement de la pyramide de l’économiste MASLOW intégrant, entre autres, comme motivations du salarié : le besoin de reconnaissance et de réalisation de soi !!!
Serai-je en lycée général et technologique, en lycée professionnel ?
Quelles matières vais-je enseigner ? Les matières dont les autres collègues n’ont pas voulu ?
Si vous avez une réponse, n’hésitez pas à me la communiquer.

Florence Jamois