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Compte rendu du groupe de travail sur la préparation de la rentrée 2007

Réunion avec les services du rectorat tenue le mardi 6 février 2007

paru le dimanche 11 février 2007

Le contexte

Une première analyse des documents préparatoires au CTPA du mardi 13 février et des informations que nous avons reçues en provenance des établissements montrent que la rentrée 2007 sera saignante pour les personnels enseignants

- En lycée : les dotations annoncées aux proviseurs tiennent compte du projet de décret de Robien sur la modification de notre temps de service, alors que ce décret n’est pas signé (chacun appréciera le respect du droit par les autorités rectorales et académiques... : elles appliquent un texte qui, juridiquement, n’existe pas).
Cela conduit à des amputations de DHG sans précédent et un véritable plan social dans certains lycées :
 de 4 à 6 suppressions de postes au lycée Fourier
 3 au lycée Jacques Amyot
 11 au LEGT de Joigny et 3 à la SEP !

Les disciplines touchées sont dans la majorité des cas, des disciplines où il n’y a aucun poste fixe libre dans le département (éco-gestion, philo, disciplines de STI). Cela signifie que les collègues « au mieux » seront TZR sur la zone départementale de l’Yonne ... si le rectorat crée suffisamment de postes de TZR dans ces disciplines. Mais ils peuvent aussi se retrouver dans un autre département de l’académie, voire être fortement invités à se reconvertir dans une autre discipline (quoique ... si le rectorat les nomme TZR, ils seront obligés d’enseigner dans une autre discipline que celle de leur concours de recrutement et ce, sans formation préalable ...).

- Les collèges ZEP ne sont pas épargnés non plus et on ne voit plus, ni dans la dotation horaire globale, ni dans les effectifs par classe, ce qui distingue un établissement ZEP d’un autre : tous sont aussi mal lotis.

Les « travaux » du groupe de travail

Ni le recteur, ni le secrétaire général du rectorat n’étaient présents au groupe de travail préparatoire au CTPA. Mais que l’on se rassure, les chefs de services ont parfaitement assimilé le discours du recteur et ne se donnent même plus la peine de regretter avec nous la baisse des moyens (c’était, quand cela se faisait, une bien maigre consolation, mais, au moins, nous avions l’impression d’avoir en face de nous des fonctionnaires, certes trop dociles à notre goût, mais au moins sensibles à la qualité du service public et aux conditions de travail des personnels. Cette époque est bel et bien révolu : le recteur Dugrip a fait école).

L’administration a repris ses leitmotivs désormais traditionnels :

1. L’orientation dans cette académie serait complètement à revoir
Les flux d’élèves qui vont dans l’enseignement supérieurs sont inférieurs à la moyenne nationale.
Cela tiendrait au fait qu’il n’y a pas assez d’orientations vers la seconde générale et technologique, phénomène incompréhensible pour l’administration car les élèves de 3ème de l’académie de Dijon sont ceux qui ont gagné la médaille d’or lors des évaluations des compétences en 2005 ; ils devancent les Parisiens arrivés seconds.

2. D’où la ritournelle numéro 2 : il faut absolument diminuer les redoublements (et oui : un redoublement coûte cher !)

3. Trop d’élèves sortent en cours de scolarité (les documents montrent des sorties du système scolaire dès la 5ème !), notamment vers l’apprentissage, mais aussi vers ??? le vide sidéral ...

Face à ces difficultés (le système éducatif perd des élèves non seulement du fait de la démographie mais aussi à cause des profs et des COPsy qui ne trouvent rien de mieux que d’être tellement exigeants avec les élèves que ceux-ci fuient l’école), l’administration à des remèdes :

1. Elle conseille aux profs de l’académie de « changer leur culture vis-à-vis du redoublement ».
Et oui, il paraît qu’il y a, chez les enseignants de l’académie de Dijon, une micro-culture vraiment détestable. Quant aux COPsy..., ils ne valent pas mieux que les profs.
Nous avons fait valoir que 5 ou 6 / 20 en français et en maths, ce n’était pas suffisant pour aller en seconde générale et que c’était vraiment limite pour réussir en seconde professionnelle... On nous a fait comprendre que ce n’était pas normal que des élèves soient notés 6 /20 en fin de collège quand les tests de 3ème font de l’académie la championne de France.

2. Une solution pour garder les élèves serait de créer des sections d’apprentissage et de pré-apprentissage dans les LP publics. On y enverrait les élèves décrocheurs ou « pré-décrocheurs ».
Et l’administration de se féliciter d’avoir ouvert ces dernières années 120 places pour ces élèves .... Après nous avoir dit qu’ils sont 6 500 !!! Et oui : même une place de « décrocheur » cela se mérite !! Et la sélection est sévère !

Un débat a eu lieu au cours duquel l’administration a montré qu’elle n’était pas à une contradiction près : lors du « grand débat » Université - Emploi, le recteur avait regretté la trop forte proportion de jeunes apprentis (niveau CAP, BEP, bac Pro) et l’insuffisance des apprentis dans le supérieur ; il avait alors indiqué son intention de renverser la tendance. Lors du groupe de travail, ses chefs de service nous ont fait part du souhait du recteur de
 stabiliser l’effectif des apprentis ...et de sa volonté de développer l’apprentissage pour les élèves décrocheurs (rappel : solution miracle pour garder dans le système éducatif 6 500 collégiens)
 ne pas augmenter le nombre d’apprentis en Bourgogne (ils sont 8% de la population scolaire) ... mais arriver en 2010 à la moyenne fixée par le ministre Borloo : 10%
 développer l’apprentissage dans le supérieur ... Ce qui est fait avec l’ouverture d’un BTS banque au lycée Montchapet de Dijon (30 étudiants maxi concernés...).

En résumé : le nombre d’apprentis, bien que davantage de places en apprentissage soient promises aux collégiens décrocheurs et que la volonté de développer l’apprentissage post bac soit en route, ... ne devrait pas augmenter.
Que les profs de maths nous expliquent le tour de passe-passe...

3. Pour la 3ème solution, voir plus bas : elle vaut son pesant de cacahuètes

Est venu ensuite sur la table le dossier des dotations en moyens d’enseignement pour l’académie.

4ème précepte de la méthode Coué : l’académie de Dijon est sur-dotée relativement à d’autres : l’écart (énorme !!!) par rapport à la moyenne nationale est de + 0.58 %.
Il faut donc faire preuve de solidarité avec les académies sous-dotées en leur faisant cadeau de postes qui seraient en trop dans l’académie de Dijon, d’où 187 suppressions de postes dont un bon paquet ne sont pas justifiées par la baisse démographique.

Et là, on aborde le grand art. Nous déconseillons à ceux qui n’ont pas au minimum un doctorat en sociologie et un autre en maths de passer au paragraphe suivant.
Tentative de démonstration :
 un élève n’est pas égal à un autre élève
 un élève qui quitte le système scolaire n’est pas égal à un élève qui entre dans le système scolaire.
 un élève qui quitte le système scolaire vaut très très cher alors qu’un élève qui arrive dans le système scolaire ne vaut rien : 0
 ainsi, pour le 1er degré, les 49 élèves qui vont disparaître des écoles de la Nièvre coûtent 8 postes de professeur des écoles.
 mais ... Les 48 élèves qui arrivent dans les écoles icaunaises ne valent rien : 0 poste créé. Pourtant le premier degré dans l’Yonne n’a pas des résultats particulièrement brillants : taux de scolarisation des tout-petits (les 2 - 3 ans) : 11% contre une moyenne nationale de 30% ! mais, ... il y a la volonté affichée de l’inspecteur de remonter ce taux d’au moins 4 à 5% chaque année ... avec 0 poste supplémentaire !

Bref, tout au long des échanges concernant la démographie scolaire, l’administration a tenté (sans y réussir qu’on se rassure !) de nous faire avaler que c’était après de savants calculs, des études très fines de la sociologie locale, un souci de rationalisation et d’efficacité des moyens, ..., qu’elle était arrivée à cette juste mesure des suppressions de postes : moins 187.
Elle nous prend vraiment pour des débiles parfois !

A ensuite été abordée la question des suppressions de postes correspondant à la « modernisation » (fallait oser ?????) des décrets de 50.

Nous avons fait valoir que le décret n’était pas signé par le ministre et que par conséquent l’administration était dans l’illégalité car incapable de montrer que, sur la base des textes en vigueur (nous sommes encore dans un Etat de droit, non ?), la totalité des enseignements obligatoires peut être assurée.
Il paraît que l’administration obéit aux instructions du ministre ... qui n’a pas encore eu le temps de signer le décret et dont nous sommes persuadés, nous, qu’il ne trouvera pas ce temps (surtout que nous étions très nombreux en grève jeudi 8 février et que nous maintenons la pression).

78 emplois disparaîtraient de l’académie au titre des décharges supprimées par le décret virtuel pas en application.
Quand nous demandons comment les établissements vont pouvoir fonctionner sans ces emplois, on nous répond très sérieusement :
 jusqu’à maintenant, les établissements ont eu beaucoup (beaucoup trop !) de décharges, la situation était vraiment très confortable.
 les conseils pédagogiques (provocation !!) et les CA vont devoir faire des choix
 ces choix ne sont absolument pas contraints puisque les établissements étaient largement pourvus ; il suffit que les enseignants qui avaient une heure de décharge injustifiée ne l’aient plus (que ceux qui avaient le plus de confort lèvent le doigt !).
 Et puis, il suffit aussi que les enseignants modifient leurs pratiques et tout ce qui est fait en ce moment pourra continuer à l’être malgré les 78 postes de moins.

Par exemple, quelle idée saugrenue que de vouloir respecter les grilles horaires ! Il suffit de s’arranger en interne, dans l’établissement, pour donner un peu plus d’heures ou des dédoublements à ceux qui en ont le plus besoin en retirant à ceux qui s’en sortent relativement bien.

Autre exemple : le recteur a fait de la chorale sa priorité (si, si, il paraît), mais ... les enseignants de musique n’ont pas tous besoin des 2 heures de décharge pour faire la chorale ! Ils peuvent s’organiser pour qu’une heure suffise.

De même les forfaits UNSS de 3h, quel gâchis !! Un forfait d’une heure ou de 2 peut largement suffire quand il n’y a qu’une dizaine de pratiquants (c’est vrai quoi, y a qu’à ajuster la durée des mi-temps des matchs au nombre d’élèves présents dans les équipes : 11 footballeurs = 1h30 ; 7 handballeurs = 55 min ; 5 basketteurs = 30 min, 1 lanceur du poids = ? ...)

En résumé, ce que l’on nous a fait comprendre : si nous y mettons un peu de bonne volonté, si nous acceptons de sortir de notre confort et de revoir complètement nos pratiques pédagogiques, si nous faisons une bonne cuisine en interne dans l’établissement (cuisine sans ingrédient supplémentaire), tout se passera bien.

A part ça, l’administration a vraiment une très haute opinion de ses personnels ! Merci !

Synthèse de l’addition :

Au titre de la démographie, 187 postes disparaissent de l’académie

 Dont 12 dans les collèges de l’Yonne
 93 dans les LEGT de l’académie
 36 dans les LP de l’académie
 2 postes sont créés en EREA

Au titre des décharges (la fameuse (fumeuse ?) modernisation)

 78 postes disparaissent qui correspondent à :
 28.8% des décharges actuellement accordées en LEGT
 15,8% des décharges accordées en collèges
 9.3% des décharges accordées en LP
 22.4% des décharges totales, tous établissements confondus.

Nous ne laisserons pas faire un tel massacre !