Trois ans après le meurtre de notre collègue Samuel Paty, nous sommes de nouveau confrontés à l’horreur : un de nos collègues a été assassiné et plusieurs autres blessés lors d’une attaque au couteau, dont le caractère terroriste ne semble plus faire de doute, dans un lycée d’Arras.

Nous tenons à témoigner ici notre soutien total aux familles des victimes ainsi qu’aux personnels de l’établissement et notre condamnation de cet acte barbare. Nous ne pouvons pas tolérer qu’on puisse mourir du seul fait de faire son travail.

Aujourd’hui, comme il y a trois ans, l’assassinat d’un collègue par un terroriste islamiste met en évidence l’importance de ce que nous enseignons. L’école est en effet un lieu laïque d’émancipation et de transmission où se construit la citoyenneté loin des pressions de tous les obscurantismes afin de faire société. Ainsi, elle est le ciment fondamental de notre République. Attaquer l’École c’est attaquer toute la société française et ses principes fondés sur la laïcité, les libertés publiques, l’égalité entre tous les citoyens, ou encore l’état de droit.

Passer l’effroi et la sidération d’un tel acte, nous souhaitons rendre hommage à notre collègue Dominique Bernard, professeur de Lettres, ainsi qu’ aux trois personnels, professeur et agents blessés lors de cet événement. Nous honorons aussi la mémoire de notre collègue Samuel Paty que nous n’oublions pas.

Si nous sommes aujourd’hui dans l’émotion et le recueillement, demain, les enseignants vont continuer d’assurer leurs missions et ne céderont pas sur les principes qui fondent l’école républicaine.
Cependant, nous, enseignants et enseignantes, qui œuvrons au quotidien face aux élèves, nous ne résignons pas à cette litanie : assassinats, suicides, démissions. Nous ne sommes pas uniquement des chiffres qu’on déplace sur un tableur Excel au gré des politiques et des décisions de notre administration. Nous sommes des professionnels qui travaillons à élever les consciences, à lutter contre tous les obscurantismes et à construire les citoyens et citoyennes de demain.
Ainsi ce dont l’École a besoin pour poursuivre sa mission ce n’est pas seulement d’un hommage et d’un soutien symbolique, mais bien d’une reconnaissance au quotidien pour ses missions ainsi que de moyens supplémentaires en personnels qualifiés.
Cela passe par des actes qui répondent aux demandes des personnels de l’Éducation nationale.

Par ailleurs, si l’École a besoin de sécurité, elle n’a pas besoin d’une surenchère sécuritaire. Cette sécurité ne passe pas par des établissements scolaires bunkerisés mais bien par de la présence humaine et une meilleure prise en charge des élèves.
Nous n’avons pas besoin non plus d’une récupération politicienne. Après ce temps d’émotion et d’hommage, les organisations syndicales sauront le rappeler à tous ceux qui chercheront à instrumentaliser cet événement ou à céder sur les principes qui fondent notre République. Fidèles à l’idéal républicain de l’école publique et laïque, nous continuerons à faire grandir et réussir l’ensemble de nos élèves.
Et nous n’oublierons pas que c’est parce qu’ils faisaient vivre l’école républicaine et laïque qu’ont été lâchement assassinés Dominique Bernard, et avant lui, Samuel Paty. 
Pour l’heure, nous vous appelons à respecter une minute de silence.