10 novembre 2025

Editorial

L’école et le numérique

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Alors que le septième ministre depuis trois ans vient de s’installer rue de Grenelle, le navire Education nationale ne coule pas grâce au professionnalisme de ses agents malheureusement habitués à faire face aux vents contraires depuis de longues années. Madame Borne avait décrété en septembre la pause numérique et voilà que le nouveau ministre EdouartGeffray, inspirateur des réformes Blanquer qui ont développé et encouragé plus que celles de tout autre ministre précédent les outils numériques, va encourager l’usage de l’intelligence artificielle. Depuis le plan « Informatique pour tous » des années 1980 jusqu’à aujourd’hui, la marche forcée vers ce qui est présenté comme une modernisation de l’enseignement ne s’arrête pas. D’ailleurs, madame Borne elle-même envisageait une « pause » tout en demandant aux enseignants de se former à l’intelligence artificielle, un peu comme un guide de randonnée qui demanderait simultanément aux marcheurs de s’arrêter tout en marchant. Jamais le ministère, qui a investi des millions et des millions dans les outils numériques depuis quarante ans,n’a demandé à un organisme indépendant d’évaluer ces politiques qui ont d’abord profité à des boîtes privées qui ont explosé leur chiffre d’affaires. Pourtant, les signaux ne trompent pas : l’addiction aux écrans de nos jeunes élèves est devenue un problème de santé publique et s’il ne s’agit pas de rendre le numérique unique responsable du niveau préoccupant de nombre de nos élèves, il y participe grandement : baisse de l’attention, temps libre pour la lecture, la culture, les activités sportives rogné par le smartphone, cet ogre dévoreur de temps. Et lorsque les élèves arrivent en cours, la première chose que fait le professeur, c’est regarder un écran pour noter les absents. Et parfois poursuivre une activité qui va demander un nouvel écran… Professeurs et élèves ne se regardent plus, leur attention est captée par un écran qui a totalement modifié leur relation.
Le rapport de l’école au numérique mérite réflexion et débat. S’il ne s’agit pas d’isoler l’école du monde tel qu’il est aujourd’hui, on ne peut pas non plus faire l’économie d’une réflexion sur ce qui est bon ou moins bon pour nos élèves. En 2009, la Suède avait remplacé les livres à l’école par des tablettes jugées plus modernes. En 2025, ce même pays a réintroduit les manuels…
A l’heure où l’intelligence artificielle va bouleverser nos vies, ne la laissons pas s’installer dans nos classes sans discernement et sans réflexion préalable sur les conséquences qu’engendrerait son usage massif sur les apprentissages.
Le secrétariat académique du SNES-FSU

N.B. : un stage syndical organisé par le SNES FSU 21 consacré aux enjeux de l’IA à l’école aura lieu à Dijon MARDI 16 DÉCEMBRE 2025 de 9h à 17h Campus Universitaire Amphithéâtre EICHER (Pôle AAFE)