17 mai 2004

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La précarité n’est pas une fatalité

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Dans les établissements scolaires dans lesquels nous nous rendons quotidiennement pour travailler ou pour suivre la scolarité de nos enfants, les conditions de travail sont en train de se détériorer. Ainsi, plusieurs catégories de personnels de l’Education nationale sont de plus en plus précarisées. Nous, FSU, nous ne pouvons pas laisser faire un gouvernement dont l’action vise à libéraliser la fonction publique et à marchandiser l’école.


Dans un lycée dijonnais, les personnels précaires ne sont pas à même de planifier leur vie professionnelle, si on peut appeler comme ça les activités qu’ils exercent en échange d’un maigre salaire. A deux jours de son licenciement administratif, une CES a découvert qu’elle pouvait rester à son poste deux mois de plus.

Une autre CES a failli passer les vacances de printemps en attendant un appel téléphonique l’informant de son devenir dans l’établissement pour les mois qui restent avant la fin de l’année scolaire. Actuellement, elle n’a pas effectué comme CES la durée maximale réglementaire. Les rythmes administratifs ne tenant pas compte des besoins des êtres humains, elle attendra la fin de l’année scolaire pour savoir si elle continuera à travailler à la rentrée 2004-2005.

Dans le même établissement, le vécu des Assistants d’Éducation n’est pas meilleur. Une ancienne CES et une ancienne MI-SE se sont retrouvées avec un contrat annuel d’Assistantes d’Éducation à la rentrée dernière. L’une n’envisage pas de rester plus longtemps sur un poste dont les conditions de travail sont pénibles et ne permettent pas d’envisager un avenir professionnel digne de ce nom. L’autre arrive difficilement à trouver du temps pour la préparation de concours pour l’entrée dans l’Éducation nationale. D’ailleurs, on lui demande de récupérer les journées qu’elle prend pour se présenter aux épreuves.

Dans un autre lycée dijonnais la situation se reproduit à l’identique :
 Le départ de CES a imposé un redéploiement du personnel TOS qui arrive difficilement à tenir les deux bouts ;
 Un Assistant d’Éducation a dû arrêter ses études universitaires parce que les conditions de travail ne lui permettaient pas de mener les deux activités de front ;
 Une ancienne MI-SE devenue assistante d’éducation avait reçu la promesse qu’elle resterait dans le même établissement pour l’année 2003-2004. Elle a eu le tort d’y croire puisqu’elle est ailleurs.

Nous pouvons multiplier les exemples à l’infini, mais le résultat restera toujours le même :

L’administration gère dans un souci de « rentabilité. » Nous nous battons pour de bonnes conditions de travail pour les élèves et les personnels.

 Avec la fragilisation des corps des ATOS, les agents seront redéployés afin de couvrir les besoins révélés par la disparition de nombreux postes avant d’être promis à la fonction publique territoriale.

 Face au manque de personnels, l’utilisation des CES est un palliatif et permet au gouvernement d’investir de moins en moins dans l’éducation. Dans tous les cas, ces personnels précaires n’ont aucune perspective d’avenir professionnel. A l’origine le dispositif devait leur permettre de se réinsérer dans le monde du travail. Dans la réalité, ces personnes retourneront dans l’univers du chômage qu’ils espéraient avoir fui à jamais.

 Les Assistants d’Education sont en train de remplacer les Emplois-Jeunes qui avaient obtenu des améliorations de leurs statuts grâce aux luttes syndicales. Recrutés directement par les établissements, ils obtiennent une reconduction du contrat annuel seulement s’ils satisfont pleinement les désirs de leurs supérieurs hiérarchiques. De toute façon, leur statut est tellement précaire que ces individus vivent une situation instable alors que le contrat qu’ils ont signé est censé leur permettre d’intégrer convenablement le monde du travail.

 Au-delà des désagréments provoqués aux établissements scolaires et aux personnels amenés à s’occuper de la surveillance, la disparition du corps d’Étudiants/Surveillants aggrave les inégalités sociales relatives à l’accès aux études. Jusqu’à présent, les étudiants/surveillants avaient la possibilité d’être économiquement autonomes pendant la poursuite de leurs études et la préparation des concours. D’ailleurs, leurs conditions de travail devaient normalement s’accorder avec leurs horaires. La suppression des MI-SE est donc une mesure élitiste.

Ces attaques contre les droits des individus et les acquis collectifs vont dans le sens du « darwinisme social », nous nous battons pour l’inverse.

Nous vous invitons à nous rejoindre pour une lutte unitaire contre la libéralisation de la fonction publique et la marchandisation de l’école.

Alfredo Giannuzzi