27 février 2008

Editorial

Audience rectorale mercredi 27 février 2008

    Partager cet article :

Présents dès 15 heures devant le Rectorat (100 à 150 collègues environ…), pour une entrevue demandée officiellement depuis 3 semaines, nous avons dû attendre 1h30 que la Rectrice accepte de recevoir 14 personnes (une par établissement représenté) au lieu des 7 qu’elle aurait souhaitées… Nous avons dû négocier l’entrevue avec une représentante des RG !! La Rectrice nous a reçus pendant 3/4 d’heure avec ses Chefs de Division, qui ont ensuite poursuivi l’échange avec nous jusqu’à 18h30.

CONTEXTE GENERAL

 La Rectrice s’est dite débordée par sa prise de fonctions en cours d’année, et a expliqué ses réticences à nous recevoir plus vite par son devoir de réserve en période électorale. Elle a semblé cependant aimable et respectueuse, quoique craintive par rapport au rapport de force instauré par les représentants des personnels.

 Le Secrétaire Général de l’Académie, M. Lussiana, a minimisé la situation actuelle en répétant que ce n’était pas pire que l’an dernier à même époque, et que chaque année, traditionnellement, les mêmes doléances revenaient sur les DHG, suppressions de postes et de sections. Il a expliqué que le budget de l’Académie était imposé par le Ministère, qu’il ne pouvait le changer, et qu’il restait correct pour l’Académie : pour les formations professionnelles et technologiques, l’offre est très supérieure aux demandes (nombreuse places vacantes partout), ce dont il ne faudrait pas se plaindre. Par ailleurs, il a souvent répondu aux questions par des références statistiques, et en jouant sur l’échelle de référence : les situations particulières des établissements n’étant pas forcément prises en considération, car ils travaillent au niveau de l’Académie entière.

 Suite à nos remarques sur le mauvais fonctionnement de la communication entre les personnels et le Rectorat, il a répondu qu’il y avait trop de demandes d’audience et de courriers pour que la Rectrice puisse y répondre, et que la personne qui devait d’abord apporter des réponses et régler les problèmes humains, était le Chef d’Etablissement.

HSA

 M. Lussiana ne reconnaît qu’une hausse de 8% du pourcentage d’HSA sur les DHG ; il signale que l’affectation de ces heures a été adaptée aux profils d’établissement en fonction du taux d’heures de décharge, de temps partiel, etc… donc de personnes susceptibles d’accepter des heures sup statutairement, dans l’établissement ; le calcul a été pensé de manière à ce que ces heures sup puissent être absorbées sans trop de difficultés.
Il n’a pas envisagé l’éventuel refus massif de ces heures sup.

 Que se passerait-il si nous refusions les heures sup ? Réponse : ce sont les offres de formation qui diminueront (suppression d’options par ex), et à terme, la dotation académique pourrait se trouver pénalisée par une réduction financière équivalente.

 Comment justifier des situations incohérentes, par ex, suppression de poste d’un collègue et heures sup pour les autres de la même discipline ? Réponse : ces situations apparaîtront effectivement incohérentes sur le terrain, mais elles répondent à une cohérence plus globale qui découle de la volonté ministérielle.

 Que deviendront les collègues dont le poste est supprimé, soit par la transformation des heures poste en HS, soit par la disparition des sections où ils enseignent (éco-gestion, productique à Louhans) ? Ils seront reclassés par mesure de carte scolaire, ou on leur proposera de se reconvertir dans une discipline « connexe », ou encore, certains seront payés et sans emploi : situations marginales, donc tolérables.
Beaucoup de collègues ont fait remarquer que les HS étaient difficilement acceptables dans un contexte d’alourdissement des effectifs de classe : les profs ne sont pas forcément demandeurs pour en faire plus, beaucoup de votes contre les DHG.

SITUATION de l’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL et TECHNOLOGIQUE

 De nombreux collègues avaient fait le déplacement, vu la gravité de la situation (Lycée Fourrier à Auxerre, Montbard, LP de Varzy, Louhans, Chagny, Chalon sur Saône…)
Le Nord de l’Académie est sinistré par les fermetures de section, justifiées soit par un trop petit nombre d’élèves, soit par des fermetures arbitraires (électronique à Montbard) ; il en résulte des lycées qui, devenus peu attractifs, sont désertés… Certains menacent de fermer.

 Les fermetures sont justifiées par des mesures comptables de rentabilité ; cette logique académique globale peut paraître en contradiction avec des intérêts locaux. M. Lussiana a précisé que les personnels des lycées techniques n’avaient pas toujours la même logique que ceux de LP , même lorsqu’ils coexistaient, l’intérêt des uns allant à l’encontre de celui des autres d’où complexité.

 M. Lussiana soutient un paradoxe : les élèves qui ne peuvent avoir de section proche de chez eux, développent des recherches personnelles d’orientation et choisissent des filières auxquelles ils n’avaient pas songé, puisque trop loin ; du fait, ils y gagnent en niveau de qualification !

 Quelles réponses aux demandes pressantes des collègues pour examiner le cas propre à leur établissement ? :

  • on en reparlera lors du prochain CTP
  • La Rectrice essaiera d’accorder des audiences dans la mesure du possible
  • Les études de cas en cours examinées par le Recteur Dugrip seront reprises par la nouvelle Rectrice.
  • Le problème des formations professionnelles est à repenser dans le cadre de l’aménagement du territoire avec les Régions.

Mon SENTIMENT PERSONNEL

 Tous les établissements ont pu exprimer leurs doléances et leurs interrogations, qui se rejoignent sur le regret que les DHG ne permettent pas de continuer à offrir un service public d’éducation de qualité à tous les jeunes d’une même académie.

 Le Secrétaire Général, sans toujours tenir la langue de bois, a néanmoins mené un dialogue de sourds : les logiques comptables et statistiques ne peuvent en effet prendre en compte les problèmes humains et professionnels qui ont été soulevés (pb de déplacements liés aux suppressions de poste, problèmes de perte de poste et/ou d’emploi souvent mal vécus, précarisation des services à cheval sur plusieurs établissements, refus d’un amoindrissement de la qualité des cours liée à une trop grande charge de travail…).

 En banalisant les revendications des personnels, il n’a pas donné l’impression de prendre acte de l’exaspération croissante des collègues, qui ne peuvent accepter que les choix académiques, liés à une diminution globale du nombre d’élèves, justifient tant de sacrifices particuliers.

 Il faut plus que jamais continuer la lutte pour nos conditions de travail et pour la qualité de l’Education nationale, afin de faire prendre conscience aux autorités que cette année n’est pas « comme les autres », et que les choix qui s’annoncent risquent d’avoir des conséquences dramatiques et durables.

Isabelle FARIZON