
« Il faut se préparer très jeune, enfin dès le départ, presque depuis la maternelle, à réfléchir à la façon dont on se projette à une formation et à un métier demain ». Ces propos de la ministre de l’Education nationale à la télévision sont à mettre en rapport avec la décision de l’ancienne Première ministre qui a fait passer – par le 49-3- la loi de prolongation de départ de l’âge de la retraite à 64 ans. Tiens ? Il s’agit de la même personne, Elisabeth Borne… Comme si non contente d’allonger la durée de cotisation des actifs, elle voulait maintenant préparer les (jeunes) esprits à rentrer le plus tôt possible dans le monde du travail. Comme un élastique qu’on étire par les deux bouts pour obtenir la plus grande amplitude possible. Pour la ministre, souvent présentée comme une femme politique venant de la gauche (on se pince), le travail doit travailler nos têtes blondes jusqu’à ce qu’elles deviennent crânes chenus, même le MEDEF n’y avait pas pensé. Ou pas encore osé le dire.
On sait bien que le projet du ministère est de confier l’orientation au secteur privé, les Psyen luttent contre la fermeture inexorable de C.I.O. dans tout le pays, mais il va falloir peut-être songer à en ouvrir aux abords des crèches.
A y bien regarder, ces propos s’inscrivent dans une lignée tracée depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir qui n’a eu de cesse de s’attaquer aux plus faibles, à diminuer la durée des allocations chômage, à oser même demander des heures hebdomadaires de travail aux allocataires du RSA. Tous au boulot ! Votre âge, votre situation personnelle, votre état de santé importent peu.
Ne nous trompons pas : les mots d’Elisabeth Borne contiennent en creux le rêve macronien du tri social le plus tôt possible afin de mettre très vite au travail les classes défavorisées et de promouvoir une élite qui les dirigerait.
Mais une loi scientifique dit qu’à force de tirer trop fort sur les deux bouts de l’élastique, il dépasse le seuil de rupture : il casse.
Le secrétariat académique du SNES-FSU