Madame la Rectrice
Dans la Fonction publique de l’Etat, nos catégories constituent le cœur de la catégorie A et en sont la référence en terme de qualification et de classement indiciaire, fondement des rémunérations et des déroulements de carrière qui y sont liés.
Force est de constater que la situation relative de nos professions s’est beaucoup dégradée et que nous avons subi un important décrochage par rapport aux autres métiers comparables de la Fonction publique.
En 1989, avec la création de la hors-classe et l’accélération des débuts de carrière, mais aussi avec la création de l’ISOE, nous avons réussi, par nos actions, à obtenir un premier rattrapage. Appréciables, ces acquis, que nous avons dû âprement défendre, tout particulièrement pour faire respecter les volumes de promotions qui nous étaient dus, ne pouvaient être qu’une étape dans la remise à niveau d’autant plus indispensable que les nécessités du développement du service public la rendaient impérieuse.
La construction de la réussite de tous les élèves par l’accès au baccalauréat et par la poursuite d’études exige des professionnels hautement qualifiés. Plus que jamais, nos métiers d’enseignant, de CPE, de CO-Psy sont des métiers de conception. Ils doivent être reconnus, et leur attractivité en dépend largement. Le SNES porte ces exigences, qui doivent se traduire en terme de niveau de recrutement, de rémunération et de carrière dans le cadre d’une Fonction publique revalorisée dans son ensemble. Une double nécessité s’impose : celle de porter le niveau de recrutement au mastère pour toutes nos catégories, et celle de reconnaître nos qualifications et les spécificités de nos métiers par la reconstruction de nos grilles de rémunérations et de nos déroulements de carrière.
En effet, aujourd’hui, le début de carrière d’un certifié se situe environ à 1,3 fois le SMIC. Son déroulement de carrière en classe normale (le 11e échelon) l’amène seulement à près de 2,5 fois le SMIC. Cela ne peut plus durer. Nos grilles indiciaires doivent être revues, comme celles de toute la Fonction publique qui a subi un décrochage d’ensemble. Nous demandons donc leur reconstruction avec l’intégration des indices actuels de la hors-classe et l’amélioration des débuts de carrière. La carrière en onze échelons des certifiés et assimilés devrait s’échelonner entre les indices 415 (soit 1 531 €) et 782 (2 885 €).
Soucieux d’affaiblir le service public, de réduire les dépenses publiques, le gouvernement choisit, au contraire, le chemin inverse. Le projet gouvernemental pour la Fonction publique (28 « cadres statutaires » dans lesquels les certifiés et assimilés sont classés au niveau des « cadre d’exécution »), la remise en cause aujourd’hui du droit pour tous d’accéder à un déroulement complet de carrière incluant l’accès à la hors-classe en sont des traductions majeures.
Au lieu de répondre à ces exigences, les politiques ministérielles tentent de réserver à une minorité de collègues l’accès à une carrière améliorée. C’est notamment le sens des attaques contre la hors-classe, avec l’objectif de mettre en concurrence les personnels sous le contrôle des hiérarchies de proximité. Il s’agit bien de transformer notre métier en un métier d’exécutant, dans le cadre de la refonte des corps de la Fonction publique en 28 cadres statutaires. Cela ne correspond, ni aux besoins du travail en équipe, ni à la nécessaire reconnaissance des qualifications. Le recrutement que nous revendiquons au niveau du mastère ne saurait, non plus, être contourné. Nous n’acceptons pas les régressions qu’on voudrait nous imposer.
Pour le ministère, il s’agit de peser sur le niveau des rémunérations - et, au-delà, sur celui des pensions - mais aussi de transformer en profondeur la gestion de nos carrières pour les faire dépendre étroitement des avis hiérarchiques « de proximité ».
Les solidarités seraient brisées, l’individualisation en serait la règle, au mépris du travail en équipe et de l’unité du service public sur tout le territoire. L’objectif gouvernemental est de déqualifier nos métiers, choix d’ailleurs cohérent avec les renoncements que contient la loi Fillon pour le système éducatif et l’ensemble de la jeunesse.
Les attaques contre nos carrières, telles qu’elles s’engagent dès cette année par la remise en cause des hors-classes et leurs conséquences sur l’évaluation, concernent toute la profession, toutes les générations. C’est le sens de nos métiers qui est en jeu, c’est notre qualification qui est bafouée et remise en cause.
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Nous combattons résolument ces attaques.
Parce que nous avons de l’ambition pour nos élèves, nous voulons des carrières revalorisées, des personnels reconnus et respectés dans l’exercice de leurs missions.
Dans le cadre de cette CAPA, nous dénonçons, pour terminer, l’impossibilité matérielle pour les commissaires paritaires d’avoir pu consulter correctement, pour les vérifier, les dossiers de tous les collègues. Les contraintes qui ont pesé sur l’organisation matérielle de notre travail sont de nature à remettre profondément en cause le fonctionnement normal du paritarisme dans notre académie.
Une remarque sur l’évaluation par les chefs d’établissement : le fait, pour eux, d’avoir attribué volontairement et arbitrairement seulement cinq points a barré l’accès à la hors classe de onze enseignants (onze autres n’auraient pas été promus). Nous jugeons que c’est inadmissible et que cela remet totalement en cause ce genre d’évaluation. Nous demandons que les deux notes actuelles continuent de servir de référence en la matière, sans bonifications ajoutées.
Nous demandons que la clause des sept ans soit abrogée.
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