4 juin 2025

Exercice de nos métiers

Lettres, discipline bradée - CR de la rencontre avec le rectorat

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Lettres, discipline bradée - CR de la rencontre avec le rectorat

Sur invitation de la rectrice, le SNES-FSU a été reçu au rectorat ce lundi 2 juin à 16h, durant plus d’1h30, avec les autres organisations syndicales représentatives de la profession, pour une présentation de l’expérimentation proposée par les IPR de Lettres. Vous trouverez ci-dessous le compte rendu de cette rencontre.

Pour le rectorat : Mme Marie-Pierre LAISNÉ, IA-IPR de Lettres - M. Yacine KARIM, doyen des IA-IPR, IPR de Physique-Chimie - M. MAERTEN, directeur de cabinet de Mme la Rectrice - M. DUPONT, directeur des ressources humaines.

Les OS : FO, SNES-FSU, UNSA Éducation, SGEN-SFDT

Pour commencer, le directeur de cabinet a rappelé l’attachement profond de la rectrice au dialogue social sur les sujets qui concernent l’ensemble des acteurs : collègues, élèves, chefs d’établissement, etc. (nous avons regretté de n’être invités à ce dialogue social qu’après la sortie de cette lumineuse idée…)

Suite à un certain nombre de courriers reçus au sujet de cette expérimentation, la rectrice adonc souhaité recevoir les organisations syndicales. M. Maerten a indiqué que l’académie était face à un véritable problème de ressources, en Lettres en particulier. Dans leur souhait d’assurer la continuité pédagogique, ils ont à ce titre recruté entre 50 et 60 nouveaux contractuel•les de Lettres. Ils ont également engagé une démarche concertée avec les IPR pour recruter au sein des UFR de Lettres. Par ailleurs, M. Dupont a rappelé qu’il y avait depuis quelques années, suite à la déprise démographique, une multiplication de petits BMP non pourvus. A également été évoquée la situation de collègues qui, pour ne pas faire de complément de service, prennent des temps partiels, laissant des BMP non pourvus. L’ensemble de ces constats a donc amené les services du rectorat (inspection, DRH, DPE) à chercher et essayer de trouver des solutions.

L’expérimentation proposée doit donc, pour le rectorat, permettre aux collègues qui n’atteindraient pas leur maxima de service de compléter leur service dans la discipline des Lettres, par une attestation d’enseignement du français. Le bien-être des collègues a ainsi été avancé pour justifier, entre autres raisons, la mise en place de cette expérimentation. À une question du SNES-FSU qui craignait des pressions sur les collègues pour qu’ils fassent du français, il a été répondu qu’il n’y aurait aucune pression, uniquement des gens volontaires qui seraient accompagnés. (« On ne va pas aller voir un professeur pour lui dire : Prenez cette certification ! »).
Le SNES-FSU a alors demandé des précisions : si un collègue détenteur de l’attestation est en service complet, il ne pourrait pas intervenir en plein milieu d’année sur des cours de français… Que nenni ! le rectorat n’exclut pas non plus la possibilité, pour un détenteur de l’attestation, de prendre une classe supplémentaire, en cours d’année scolaire, suite à l’absence d’une collègue de français. Le SNES-FSU s’en est indigné et a dénoncé le recours aux heures supplémentaires en aussi grande quantité (au minimum 4h !), au détriment, forcément, d’un enseignement de qualité.

Au détour d’une interrogation du SNES-FSU, Mme Laisné, IA-IPR de Lettres, a confirmé que l’attestation serait pérenne mais pas l’autorisation à enseigner le français, qui serait révisée chaque année. Ce que nous n’avons pas manqué de dénoncer : comment envisager qu’un professeur puisse assurer des cours de français sans l’avoir enseigné durant plusieurs années (ce qui est tout à fait possible s’il n’y a pas de besoin dans son établissement), au motif qu’il détiendrait une attestation délivrée des années plus tôt ? Le SNES-FSU a également soulevé différentes situations qui poseraient forcément des problèmes et créeraient des tensions au sein des équipes et entre les établissements. Le DRH et le directeur de cabinet de Madame la Rectrice ont assuré que chaque situation serait examinée à la loupe, que ce serait du « cousu main » … Bricolage ?

Le directeur de cabinet a également assuré qu’il n’y avait aucun mépris dans la démarche vis-à-vis des collègues de lettres, de leur discipline, de leur expertise (« il ne s’agit en aucun cas de juste savoir parler français »), mais une tentative pour pallier le problème du manque de professeurs. 63 classes sont actuellement sans professeur de français dont plusieurs classes à examen. On a alors souligné l’incohérence du rectorat qui a prévu la suppression de 7 postes en lettres l’an prochain dans l’académie. Les représentants du rectorat n’ont pas su répondre...

Ils ont tenté de nous convaincre du cadre très rigoureux de cette démarche, nous ont assuré « un process robuste », qui concernerait des enseignants expérimentés : il ne faut donc pas avoir de souci sur la qualité des cours qui pourraient être prodigués. L’expérimentation débute dès à présent avec la possibilité pour les collègues intéressés d’envoyer leur candidature et de monter leur dossier d’ici décembre 2025, avant une série d’entretiens sur le premier trimestre 2026. Les détenteurs de l’attestation seraient amenés à enseigner le français dès le printemps 2026. Le rectorat aux abois nous a demandé de ne pas leur reprocher d’essayer de trouver des solutions. Ils n’en ont plus d’autres (les collègues du 1er degré ont également été sollicités il y a quelques semaines), font « feu de tout bois » et nous ont même invités si nous en avions à leur transmettre nos idées. Ils ont indiqué qu’ils ne savaient pas du tout ce que donnerait cette démarche et si elle aboutirait favorablement. Le directeur de cabinet a redit qu’en aucun cas il n’y avait du mépris pour les professeurs de Lettres, et que les collègues devaient en être convaincus. La mission du rectorat est d’assurer la continuité pédagogique, et cette expérimentation peut y participer. Nos craintes d’un enseignement au rabais ont été balayés par l’administration : les collègues retenus seront des collègues volontaires, expérimentés et motivés. M. Maerten a proposé de pouvoir faire des points et des bilans réguliers avec les organisations syndicales, toujours dans le cadre du dialogue social. Il a redit également qu’ils avaient là quelque chose de très solide, qu’ils ne souhaitaient pas mener à la va-vite c’est pourquoi cela ne concerne que la discipline Lettres. Sans exclure en cas de succès la possibilité de l’étendre aux autres disciplines… À nos yeux, le projet manque toutefois de précision, de structure et de cohérence : quel accompagnement ? par qui ? à quel moment ? … Ce que nous n’avons pas manqué de souligner, au-delà de notre refus de voir cette expérimentation mise en place.

Les OS présentes ont d’ailleurs toutes réaffirmé en fin de séance leur opposition à la réalisation d’une telle initiative.

Pour le SNES-FSU,
Séverine Michel, Philippe Bernard, Bruno Paquelier, Christine Bidault