15 septembre 2025

Editorial

Rendez-nous l’argent !

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Rendez-nous l'argent !

Dans un livre qui vient de paraître(1), ceux qui l’ignoraient encore apprendront que l’Etat offre gracieusement chaque année 270 milliards d’euros aux entreprises, soit trois fois le budget de l’Education nationale ou 27 fois celui de la Justice. « Offre » car il s’agit bien d’un cadeau, sans contrepartie, et comme on ne donne qu’aux riches, ce sont évidemment les multinationales – celles qui sont basées dans des paradis fiscaux et paient des impôts symboliques eu égard à leurs bénéfices – qui reçoivent le plus ; celles qui ont les moyens de faire un chantage à la mise au chômage de milliers d’employés si elles n’obtiennent pas satisfaction ; celles qui mettent en pré-retraite les seniors qui leur coûtent trop cher, lesquels terminent leur carrière au chômage financé par l’ensemble des salariés.
Alors que nous sortons d’une séquence politique marquée par la démission d’un gouvernement qui peinait à trouver 44 milliards d’euros d’économie pour le prochain budget, il est inutile de chercher plus loin les responsables de la montée des populismes. Pendant que les poches des milliardaires craquent sous le poids de cette manne qui les remplit, celles des autres Français continuent de se vider avec une antienne politique éculée qui ne fait plus mouche : « si on les taxe trop, ils vont partir à l’étranger ». Qu’ils partent donc et n’oublient pas avant de quitter un pays qui les a formés, qui leur a permis de bénéficier d’une éducation gratuite dans les meilleures écoles, des soins dans les plus grands hôpitaux financés par la collectivité, de restituer l’argent qui a échappé aux services publics.
Car non seulement on pourrait trouver des économies pour alléger la dette en grignotant quelques milliards dans cette manne scandaleusement confisquée par les plus riches mais surtout, on pourrait augmenter le traitement des professeurs de manière significative, offrir aux étudiants une perspective de carrière enseignante attrayante, diminuer la taille des classes, augmenter le salaire des AESH, des AED, dont beaucoup vivent sous le seuil de pauvreté, et ainsi améliorer l’éducation et la scolarité des jeunes Français.
Non, ni les boomers, ni les retraités, ni les chômeurs ne sont responsables de la dette de la France, mais une pensée unique ultra-libérale qui pour satisfaire son insatiable appétit de crédits désigne toujours le service public – en premier lieu celui d’éducation – comme coupable alors que plus que jamais, il a besoin d’être abondé de quelques milliards détournés au profit des multinationales avec la bénédiction de gouvernants dénués de courage politique.
Le secrétariat académique du SNES-FSU

(1) Le grand détournement, sous titré Comment milliardaires et multinationales captent l’argent de l’Etat. Auteurs : Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre – Allary Editions.